13 nov. 2017

La conversion en agriculture biologique n'est pas une "tromperie"

Produit « en conversion » biologique mais non certifié AB : j’achète ou je n’achète pas ? Réponse : je soutiens donc j’achète !
Triste de lire que les produits en conversion bio sont (presque) une arnaque ! Ou comment une certaine obsession de santé personnelle peut conduire à des raisonnements contre-productifs...
Pendant toute la période de conversion (2 à 3 ans selon les productions), le producteur doit appliquer 100% du règlement de l’agriculture biologique. Pour autant, les produits ne peuvent pas être labellisés issus de l’agriculture biologique. Malgré tous les obstacles et les charges associés au bio, il faudrait en plus qu’il soit concurrentiel sur le marché conventionnel ?! Les aides à la conversion ne sont pas non plus la panacée (sinon la France aurait peut-être plus de 5% de surface agricole utile convertie…). La vraie aide, c’est votre acte de consommation.

D’un point de vue scientifique, qu’en penser ? La dégradation des pesticides dans le sol résulte à la fois de l’activité microbienne et de réactions physico-chimiques. La rémanence de ces produits dépend donc de la nature des molécules (antécédents des pratiques), du sol, de la température, des précipitations, des UV, etc.

Il n’y a pas de preuve formelle que ces durées de conversion conduisent à un seuil de non-contamination potentielle de l’aliment… Elles sont forcément en partie arbitraires : selon leur demi-vie, certains pesticides vont se dégrader rapidement (comme en une rotation), quand d’autres pourront persister pendant des décennies. Tous ces facteurs rendent infaisable une réelle prédiction générale d’un seuil où la contamination de l’aliment bascule de « possible » à « impossible ». Surtout que leur présence dans le sol, ne sera pas synonyme de présence systématique dans l'aliment. Et tout serait à mettre en pondération avec les taux retrouvés. Si l'on voulait un sol sans aucune détection de résidu de pesticides, on pourrait attendre des décennies et des décennies d'après une récente étude suisse.
Autant ne même pas se lancer dans le bio dans ce cas ! Point de vue absurde.

D’un point de vue environnemental, sans usage de produits phytosanitaires de synthèse, le sol, l'eau, l'air, la faune et la flore seront tout autant respectés lors d'une conversion. Si les produits alimentaires présentaient par hasard des résidus, leurs taux seront sans commune mesure avec ceux obtenus après de multiples pulvérisations directes à la culture. Faisons la part des choses.
Pour conclure, un produit en conversion, local, de saison et rémunérant son producteur pour qu’il en vive, est certainement meilleur qu’un produit biologique traversant les frontières par avion avec des règlements parfois plus laxistes. En terme de bilan global.

Alors soutenez ceux qui se lancent dans cette démarche, période délicate : produits en conversion, je dis pas non !

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