19 juil. 2017

Petites doses quotidiennes de vitamine D : il faut bien préférer la D3 à la D2

Il s’éloigne, le temps où l’on pensait que vitamine D2 (ergocalciférol) et D3 (cholécalciférol) étaient aussi efficaces pour améliorer le statut en vitamine D. Nous en sommes à peu près sûrs pour les bolus de vitamine D (semestriels, annuels…) [1,2], mais moins concernant les petites doses quotidiennes qui ont été moins étudiées : résultats contradictoires sur des méthodologies peu robustes. Or comme vous le savez peut-être, il est probablement préférable d’être supplémenté par de petites doses quotidiennes (ou à la rigueur hebdomadaires) que des bolus, si l’observance ne fait pas défaut [3,4].


Sobrement nommée la « D2-D3 Study », vient d'être publiée une étude d’intervention en double-aveugle, randomisée et contrôlée sur une large cohorte de l’Université de Surrey en Angleterre [5]. Elle a comparé la réponse à des doses relativement basses (15 µg/jour soit 600 UI/jour) de D2 et D3, doses possiblement non optimales par rapport aux connaissances mais réalistes par rapport aux pratiques courantes des prescripteurs et aussi à la fortification alimentaire ; une intervention de santé publique de plus en plus considérée devant notre insuffisance endémique en cette vitamine.
Résultat : bien que les deux formes parviennent à augmenter la forme active de la vitamine D, la 25(OH)D totale, la D3 le fait plus efficacement.

A noter que cette petite dose de 600 UI se débrouille de manière honorable à remonter les taux, mais cela dépend du terrain : après 12 semaines, chez les femmes d’origine Caucasienne, cette dose (administrée par voie alimentaire) suffit à augmenter des taux initiaux de déficit (autour de 60 nmol/L) à des taux normaux (limites pour le groupe D2 avec 75 nmol/L, et autour de 90 nmol/L pour le groupe D3). Par contre, chez les femmes d’origine sud-asiatiques, sans surprise avec des taux initiaux plus bas (20-30 nmol/L) voisins de la carence, cette posologie peine à arriver vers 50-60 nmol/L, toujours dans le déficit. Bien que ces normes ne fassent pas consensus dans la communauté médicale et scientifique, cela donne la tendance.

Rappelons que l’on obtient de la vitamine D3 via la consommation de certains poissons gras, les œufs, des suppléments/aliments fortifiés et l’exposition solaire de la peau humaine, et de la D2 via la consommation de champignons et des suppléments/aliments fortifiés.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette différence d’efficacité entre D2 et D3 :
- L’apport en vitamine D2 diminuerait davantage la 25(OH)D3 que l’apport en vitamine D3 diminue la 25(OH)D2 (par des différences d’affinités de liaison et d’hydroxylation) : résultant en un taux de 25(OH)D total plus bas.
- La 25(OH)D2 (augmentée par la vitamine D2) a une demi-vie plus courte que la 25(OH)D3 (augmentée par la D3).
Sauf que, dans tout ça : on ne sait toujours pas vraiment si, in vivo et sur le long terme, 25(OH)D2 et 25(OH)D3 sont autant bioactives sur tous les rôles qu’a la vitamine D dans le fonctionnement de notre organisme, à travers leurs produits finaux (1,25(OH)2D3 et 1,25(OH)2D2). Cela pourrait encore changer la donne.


Références


[1] Romagnoli E, Mascia ML, Cipriani C, Fassino V, Mazzei F, D’Erasmo E, Carnevale V, Scillitani A, Minisola S. Short and longterm variations in serum calciotropic hormones after a single very large
dose of ergocalciferol (vitamin D2) or cholecalciferol (vitamin D3) in the elderly. J Clin Endocrinol Metab 2008;93:3015–20.

[2] Trang HM, Cole DE, Rubin LA, Pierratos A, Siu S, Vieth R. Evidence that vitamin D3 increases serum 25-hydroxyvitamin D more efficiently than does vitamin D2. Am J Clin Nutr 1998;68:854–8.

[3] Pekkarinen, T., Välimäki, V. V., Aarum, S., Turpeinen, U., Hämäläinen, E., Löyttyniemi, E., & Välimäki, M. J. (2010). The same annual dose of 292000 IU of vitamin D3 (cholecalciferol) on either daily or four monthly basis for elderly women: 1‐year comparative study of the effects on serum 25 (OH) D3 concentrations and renal function. Clinical endocrinology, 72(4), 455-461.

[4] Zheng, Y. T., Cui, Q. Q., Hong, Y. M., & Yao, W. G. (2015). A meta-analysis of high dose, intermittent vitamin D supplementation among older adults. PloS one, 10(1), e0115850.

[5] Tripkovic, Laura, Louise R. Wilson, Kathryn Hart, Sig Johnsen, Simon de Lusignan, Colin P. Smith, Giselda Bucca, et al. « Daily Supplementation with 15 Μg Vitamin D2 Compared with Vitamin D3 to Increase Wintertime 25-Hydroxyvitamin D Status in Healthy South Asian and White European Women: A 12-Wk Randomized, Placebo-Controlled Food-Fortification Trial ». The American Journal of Clinical Nutrition, 5 juillet 2017, ajcn138693. doi:10.3945/ajcn.116.138693.

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