4 janv. 2018

Végétarisme et dépression ? Qui est l'oeuf ou la poule ?



S'il y a une bonne résolution qui changerait pas mal notre monde de fausses nouvelles et d'idées reçues, c'est d'assimiler au moins ces deux sophismes. Cela serait un bon début. Le plus grand écueil de la raison n'est pas de la rejeter, mais de s'y référer par erreur. Rien qu'en gardant en tête que corrélation n'est pas causalité, les journalistes pourraient bouleverser la presse et sa façon de communiquer sur les résultats scientifiques.

Je me souviens de cette étude de fin 2017 sur le végétarisme et la prévalence de la dépression chez les hommes [1]. Je n'avais pas eu le temps d'en parler mais son interprétation avait franchi le seuil de la fake news : selon les titres du moment, "le végétarisme multiplie les risques de dépression". Alors que l'on était devant une association et que, même en supposant l'absence de facteurs confondants, une relation inverse n'était pas réfutable, et évoquée par les auteurs (les personnes plus anxieuses pour leur santé pourraient être plus susceptibles à changer leur régime alimentaire, mais aussi être plus à risque de dépression).

La presse indiquait même que les chercheurs avaient trouvé, chez les personnes étudiées, un lien avec des taux déficients de vitamine B12, alors que ces chercheurs ne l'avaient tout simplement pas dosé (ils l'avaient proposé comme simple hypothèse) !

Pire, la presse parlait d'un risque d'apparition de dépression augmentée alors que l'étude était transversale (ce n'était pas un suivi de cohorte) : il est impossible de parler d'apparition, on regarde le lien entre deux variables à un instant donné. Pas de notion de chronologie.
Mais sur ces deux derniers points, on n'est plus dans le piège d'un sophisme. On est juste devant du travail bâclé ou de l'incompétence. Malheureusement, cela n'est pas prêt de s'arrêter en 2018 ! Bonne année !

Pour une explication plus détaillée du non-fondé des interprétations des résultats de cette étude, par l'Agence Science Presse : cliquez-ici.


[1] Hibbeln, Joseph R., et al. "Vegetarian diets and depressive symptoms among men." Journal of affective disorders 225 (2018): 13-17.

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