C'est qu'on a vite fait de titrer "Vitamine D et prévention du cancer, la déception" (n'est-ce pas JIM.fr ?) quand on découvre l'étude de Dimitrakopoulou publiée il y a deux semaines.
Dans le débat de la place de la vitamine D dans l'état de santé des individus (simple marqueur de santé ou agent causal ?), les études épidémiologiques et d'intervention ont des résultats mitigés concernant le risque de cancer (alors que les modèles animaux et in-vitro attestent d'une relation de causalité dans la cancérogénèse).
L'étude du moment publié dans le BMJ a un design bien actuel, dit de randomisation mendélienne, plus à même d'écarter les biais des études observationnelles classiques.
Alors je ne vais pas détailler leurs travaux, mais juste souligner une surinterprétation de leur conclusion faite par beaucoup : ces chercheurs ont montré qu'il n'y a pas d'association causale linéaire entre le taux de vitamine D et le risque de survenue de 7 cancers parmi les plus fréquents. J'attire votre attention sur : linéaire. A aucun moment il n'est possible de conclure sur des relations non linéaires entre la vitamine D et ces cancers. Question de choix méthodologiques.
Et que vient de montrer la cohorte HUNT cette même année et publiée dans ce même BMJ ? Que l'on observe une relation justement non-linéaire (en J inversé) entre taux de vitamine D et risque de mortalité (cf courbe ci-contre). Sachant que le cancer est la 1ère cause de mortalité en Europe de l'ouest, il est probable que la relation soit du même genre. Les relations non-linéaires ne sont quand même pas insoupçonnables et à négliger : courbes en U ou en J, relations avec seuils de réponse sont parmi les plus décrites. Alors impossible de conclure à leurs sujets avec cette étude, c'est tout ! Ce qui limite considérablement sa portée...
Bref, il y a certains mot-clés à ne pas mettre à la porte avant de l'ouvrir !
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