Il faut bien comprendre qu'on est au delà du principe de précaution !
Certains aliments secs (pâtes, farines, céréales, biscuits, etc) sont parfois conditionnés dans des emballages en papier ou carton. On sait depuis bien assez (trop) longtemps qu'ils contaminent les aliments en huiles minérales, une grande famille de dérivés du pétrole dont certains sont des CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique). La presse vient de relayer les récentes recommandations de l'Anses [1], mais cela faisait 5 ans que les experts du groupe scientifique de l’EFSA sur les contaminants de la chaîne alimentaire (CONTAM) avait publié un avis préoccupant [2]. En particulier pour les consommateurs fidèles à une marque ou qui achètent souvent le même produit alimentaire.
Voici ce qu'il faut savoir en tant que consommateurs éclairés !
Cette contamination peut venir :
1) Des encres et adhésifs utilisés pour l'emballage : sans contact direct avec l'aliment, ces hydrocarbures migrent jusqu'à lui. Perméable, le carton/papier n'étant pas une barrière physique suffisante contre cette migration.
2) Du carton/papier lui-même, encore plus quand il est recyclé. Les journaux et autres supports imprimés qui entrent dans la filière recyclage contiennent des huiles minérales qui se retrouvent dans le produit fini (oui, dur de croire qu'on n'y avait pas pensé ?).
En attendant que les industriels se saisissent du problème, les conseils à vous donner sont plus simples que ceux de l'Anses (qui recommande d'ajouter divers revêtements à l'intérieur de l'emballage : complexifier les choses n'a jamais été la meilleure solution en toxicologie !).
La solution, c'est de privilégier les emballages de type sachet plastique (en général du polyéthylène PE/PELD sans inquiétude toxicologique). Parfois, un sachet plastique est placé entre l'aliment et le carton, mais pour limiter le suremballage et ses conséquences sur la planète, faites le choix du "moins" !
Si vous achetez en vrac (et vous faites bien), amenez vos contenants sur place, ou transférez le contenu des sacs en papier au plus vite à la maison (dans du verre, rien de plus sûr !).
A noter que les huiles minérales ne sont qu'un contaminant parmi d'autres. Les composés fluorés, voisins du téflon, sont également sur la sellette, à la toxicité bien documentée. Présents entre 20 à 56% des papiers alimentaires d'après une récente étude américaine [3], la voie alimentaire contribuerait significativement à notre exposition à ces composés chimiques. Ce sont surtout les papiers résistants aux aliments gras qui sont touchés (composés aux propriétés anti-adhérentes lipophobes et hydrophobes).
Bref, gardez à l'esprit que carton et papier ne sont pas systématiquement synonymes de matériaux "verts" et "sains" !
[1] ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Avis relatif à la migration des composés d’huiles minérales dans les denrées alimentaires à partir des emballages en papiers et cartons recyclés, 8 mars 2017 https://www.anses.fr/fr/system/files/ESPA2015SA0070.pdf
[2] EFSA Panel on Contaminants in the Food Chain (CONTAM). “Scientific Opinion on Mineral Oil Hydrocarbons in Food.” EFSA Journal 10, no. 6 (June 2012). doi:10.2903/j.efsa.2012.2704.
[3] Schaider, Laurel A., Simona A. Balan, Arlene Blum, David Q. Andrews, Mark J. Strynar, Margaret E. Dickinson, David M. Lunderberg, Johnsie R. Lang, and Graham F. Peaslee. “Fluorinated Compounds in U.S. Fast Food Packaging.” Environmental Science & Technology Letters 4, no. 3 (March 14, 2017): 105–11. doi:10.1021/acs.estlett.6b00435.
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