Bonne nouvelle : les pizzas et les snacks sont associés une inflammation réduite ! Mais, surprise, la consommation de tomate est au contraire associée à plus d’inflammation.
Ce qui pourrait vous sembler être une blague est un travail « sérieux » de l’Ecole de Santé Publique de Harvard. Oui, avec même du Pr Walter Willett dedans. Comment en est-on arrivé là ?
En 2017, ces chercheurs ont construit et publié un nouvel index du potentiel inflammatoire des aliments : l’EDIP. En partant de données de la fameuse Nurses’ Health Study des années 80, ils ont recoupé des mesures de consommation alimentaire (par questionnaire) avec les taux sanguins de marqueurs de l’inflammation (CRP, TNFalpha, IL6) qui avaient été réalisés à certains moments chez certaines participantes à la cohorte. Une méthode empirique donc, basée sur aucun à priori (ce qui est intéressant pour réduire les biais de "l'effet expérimentateur") mais qui mène à de curieux résultats.
Voyez plutôt : les céréales raffinées, la viande transformée (dont charcuterie) et la tomate sont associées positivement à l’inflammation (plus de) alors que la pizza est associée négativement (moins de). Hum, doit-on en penser que la pizza parvienne à ce résultat grâce au fromage chauffé à haute température (les produits laitiers n’ont pas été classés) ? Pour annuler le lien pro-inflammatoire des autres ingrédients (céréales/viande transformées et plus curieusement la tomate) et même l'inverser !
Pire ou plus drôle, les snacks sont inversement reliés aux taux de marqueurs inflammatoires. Les têtes pensantes d’Harvard précisent (au cas où on aurait imaginé des bâtonnets de carotte crue) : chips de pommes de terre, de maïs, popcorn, cracker. Des AUT remplis d’AGE/ALE (advanced glycation endproducts/advanced lipoxidation endproducts), composés connus pour favoriser l’inflammation chez l’homme (voir mon article sur les compléments d’oméga-3).
Aussi comme évoqué, une curieuse association entre la tomate et l’inflammation, alors que beaucoup de données interventionnelles chez l’homme ont montré une réduction de la réponse inflammatoire postprandiale et de l’inflammation systémique (Burton-Freeman, 2012 ; Ghavipour, 2013, etc.).
Bref, doit-on en rire ou en pleurer ? On doit surtout se convaincre qu’on peut toujours obtenir des résultats pas du tout en accord avec le reste des connaissances, études d'observation, essais cliniques, sciences plus fondamentales, et de tous niveaux de preuve. Tous les modèles ont leur biais (ici les questionnaires en ont certainement de solides : quand on travaille avec eux, on se prend une légère claque de rigueur scientifique), et aucune étude seule ne peut se permettre de construire un index de référence en deux temps trois mouvements. Même quand elle est made in Harvard.
Je serais vraiment curieux de savoir ce qu'ils en ont pensé, en interne, ces chercheurs. Pas vous ? L'empirisme a ses avantages, une certaine liberté d'arriver à des résultats non guidés pas des hypothèses, mais quand il se heurte piteusement au reste des connaissances : doit-on publier ou se questionner ? Certes, cette étude n'a pas pour objectif d'établir des causalités, mais plutôt une signature alimentaire de prédiction. Tout comme le port d'un briquet prédit un risque augmenté de cancer du poumon. Il y a donc probablement d'autres facteurs associés à la fois à la consommation de pizzas/snacks et à l'inflammation : on appelle ça des facteurs confondants. Ils pourraient être la cause d'un état inflammatoire réduit tout en étant associé à la consommation d'aliments pas spécialement bénéfiques (au contraire même) sur ce même état (mais le bilan final serait positif). Ces facteurs confondants sont souvent associés à un certain mode de vie. Mais entre les années 80 et aujourd'hui, le mode de vie a peut être suffisamment changé pour que ces facteurs confondants "invisibles" soient caduques aujourd'hui. En 2018, nous ne savons donc pas si pizzas/snacks peuvent prédire un état inflammatoire bas ! Une signature de prédiction doit évoluer avec son temps...
Malheureusement les choses vont vite : ce score EDIP n’a pas tardé à être appliqué dans des travaux (de la même équipe), comme outil estimant le potentiel anti/pro inflammatoire de l'alimentation de patients/volontaires. Et de le relier par exemple ici, au risque de survenue de cancer du côlon :
Etude EDIP : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28659407
C'est quoi l'inflammation ?
L'inflammation dont on parle souvent en nutrition est celle qui est chronique et de bas grade (elle n'est pas perçue par l'individu et cliniquement difficile à déceler). Elle se traduit par une augmentation modérée des taux circulants de médiateurs de l’inflammation. Elle est associée à la génèse et la progression de nombreuses pathologies chroniques (cardiovasculaires, cancer, métaboliques, etc). L'inflammation aiguë est la réaction de de l'organisme que tout le monde connaît face à une "agression" de l'organisme (infection, blessure), se traduisant par chaleur, douleur, rougeur, demeure... L'inflammation est un processus qui peut être autant réparateur que destructeur, mais lorsqu'elle est chronique, elle penche du côté négatif !
L'inflammation dont on parle souvent en nutrition est celle qui est chronique et de bas grade (elle n'est pas perçue par l'individu et cliniquement difficile à déceler). Elle se traduit par une augmentation modérée des taux circulants de médiateurs de l’inflammation. Elle est associée à la génèse et la progression de nombreuses pathologies chroniques (cardiovasculaires, cancer, métaboliques, etc). L'inflammation aiguë est la réaction de de l'organisme que tout le monde connaît face à une "agression" de l'organisme (infection, blessure), se traduisant par chaleur, douleur, rougeur, demeure... L'inflammation est un processus qui peut être autant réparateur que destructeur, mais lorsqu'elle est chronique, elle penche du côté négatif !
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